My Crazy Nappy Hair

My Crazy Nappy Hair

Le mouvement nappy est la dénomination francophone du Natural hair mouvement né aux États-Unis dans les années 2000.Ce mouvement désigne des femmes noires souhaitant conserver leurs cheveux crépus.

La culture nappy aujourd'hui en référence à la texture du cheveu crépu désigne l'histoire des Afro-descendants. Le mot « nappy » veut dire  « crépu » en anglais. Il a fait l'objet de dénigrement depuis la traite négrière. Des Afro-descendantes se sont par la suite réapproprié positivement le mot, considéré dans les pays francophones comme un rétro acronyme formé de « Natural » et de « happy » Nappy and happy.

Ces femmes, appelées nappy girls, abandonnent le défrisage, dissent non aux produits chimiques en  laissent pousser leurs cheveux au naturel. Leur coupe peut être simple ou bien plus élaborée, par l'adoption, par exemple, des vanilles, des nattes, tresses africaines...Depuis les années 2000, aux États-Unis puis en France et en Afrique, des femmes noires ont pris conscience que leurs cheveux crépus peuvent non seulement être  beaux mais chic à l'image de la femme africaine. Elles cessent dès lors de se conformer à la règle  esthétiques "cheveux beaux signifies cheveux lisses", Les nappy girls se réconcilient ainsi à travers leurs cheveux avec leur africanité.

Ce retour au naturel est, à l'ère du bio, favorisé par la prise de conscience des effets nocifs desù défrisants sur le cuir chevelu : démangeaisons, brûlures, casse du cheveux… ou pire : alopécie (perte de cheveux), le cauchemar de toutes les femmes en générale.  Pourtant, parmi les femmes noires beaucoup pour n'est pas dire la plus part  se sont défrisées au moins une fois dans leur vie.

Dans les années 70's-80's, une coiffure fait également son apparition : ce sont les dreadlocks  Tresses plaquées, se généralisent et traversent les générations, les continents et les catégories sociales. Blancs ou Noirs les adoptent, que leurs cheveux soient crépus ou non. Parallèlement, le défrisage des cheveux crépus se propage au sein de communautés noires au gré des couvertures des magazines de mode. Dans les deux cas, ces engouements actuels en faveur ou en rejet des coiffures issues des cultures Noires, traduisent bien plus qu'un phénomène de mode : ils masquent en réalité la menace de voir peu à peu disparaître la symbolique et l’esthétique que ces coiffures véhiculent depuis des siècles en Afrique ainsi que l'ancrage identitaire au sein de la « diaspora » négro-africaine.Avant cela, dans les années 60's-70's, règne la ségrégation raciale aux États-Unis entre les Noirs et les Blancs. Angela Davis, jeune activiste militante des droits de l'homme et membre du mouvement révolutionnaire des Black Panthers créé en 1966, rend célèbre la « coupe afro ». Cette coiffure dense et sphérique symbolise alors l'émancipation et l'affirmation culturelle des Afro-américains. Elle est adoptée par de nombreuses stars comme Diana Ross ou les Jackson... Et aujourd'hui le style que bon nombres de blogueuses noires s’emparent.

Un siècle plus tôt, en 1865, l'esclavage est aboli à l'issue de la guerre de Sécession. Les populations noires cherchent néanmoins à lisser leurs cheveux crépus, afin de se rapprocher de l'esthétique dominante, ne serait-ce que pour trouver du travail. L'instrument le plus utilisé à l'époque est le peigne chaud, jusqu'en 1909, où Garrett A. Morgan invente une crème défrisante révolutionnaire.

Durant les 400 ans d'esclavage, les conditions de servitude ne permettent pas de prendre soin de ses cheveux, qui font l'objet de dénigrement par le maître : « nappy » devient péjoratif. La déportation de millions d'Africains les séparent de leurs pratiques esthétiques d'origine en matière de soin du cheveu. Dans les traditions ancestrales, la coiffure est « une activité pendant laquelle se transmettent l’histoire des généalogies aux enfants, et bien d’autres traits de leur culture ». Chaque coiffure africaine est codifiée selon le groupe ethnique et le statut de la personne.

« C'est la perte de cet instrument [le peigne africain], d'autant plus précieux qu'il est indispensable au soin du cheveux crépus, qui va désolidariser les Noirs de la nature de leurs propres cheveux, qu'ils ne seront plus considérés que comme "difficiles à coiffer." L'Africain fut arraché à son peigne lorsqu'il fut arraché à sa terre natale et ainsi, dépossédé d'un symbole culturel irremplaçable, héritage et accessoire de sa culture de la beauté.»

— Juliette Sméralda, Peau noire, cheveu crépu : l'histoire d'une aliénation.